Tuesday, November 12, 2019

30 ANS APRÈS, L'EFFONDREMENT DU DEUXIÈME MUR?

Il y a 30 ans, le mur de Berlin s'effondrait, offrant un court espoir de démocratisation mondiale, bien vite dissipé par les convulsions des Balkans, la fin de la pérestroïka, l'élargissement de l'OTAN et l'installation progressive du "mainstream" commercial comme seule manifestation culturelle autorisée à l'Ouest.  Depuis, le néolibéralisme a clamé haut et fort sa victoire, et en a profité pour détruire toutes les structures d'entraide sociale et de solidarité dans les pays où il s'est lourdement installé. L'Europe, une de ses premières victimes consentantes, s'est fait inoculer le très cher poison, pour se transformer en monstre de Frankenstein aussi destructeur chez lui qu'impuissant ailleurs. Mais, depuis quelque temps, devant la propagande permanente assénée par les grands médias tous possédés par le 1%, on se sent atteint de dissonance cognitive: on nous assure que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, et tout brûle autour de nous. Les slogans à la Orwell qui nous assurent que le bien, c'est le mal et que la liberté, c'est la consommation, commence à résonner comme des haut-parleurs crachotant et déglingués. Nous nous rendons aussi compte que la force du néolibéralisme ne vient pas d'un hypothétique "ruissellement" pécuniaire faisant le bonheur des petits et des grands (surtout des grands, d'ailleurs), mais de la violence de ses outils de censure et de répression. De plus en plus de gens ouvrent les yeux et se rendent compte qu'ils ne faisaient pas un cauchemar, mais qu'ils sont bien en plein dans le cauchemar! Cependant, pour garder espoir, il faut se dire qu'il y a 30 ans, toute une idéologie totalitaire, deuxième puissance mondiale, s'est effondrée comme un château de cartes à cause de son modèle économique, qui n'était plus viable. L'ironie est qu'il en sera très vraisemblablement de même avec son grand ennemi, le capitalisme, dont le mirage de la "croissance" rappelle la formule magique de Matérialisme Dialectique et du Gosplan. Comme l'URSS, le monde néolibéral sombrera avec son idéologie attachée aux pieds comme un énorme bloc de ciment. Et ce jour-là, ce ne sera pas un mur en béton qui s'effondrera, mais bien le mur de l'argent.

Sunday, June 30, 2019

VOUS AVEZ PEUR DU RETOUR DU FASCISME? AYEZ PLUTOT PEUR DE LA SEMI-DEMOCRATIE

Vous avez peur du retour du fascisme? Vous devriez plutôt avoir peur de la semi-démocratie.
     Qu’est-ce que la semi-démocratie? C’est une entité politique totalitaire qui se sert des failles des institutions démocratiques pour asseoir son pouvoir. Le vote aujourd’hui, par exemple, ne sert qu’à perpétuer un système de partis au fonctionnement non-démocratiques, amenant un dégoût et un soupçon des citoyens pour leurs système, dont le(s) parti(s) dirigeant(s) vont entretenir et profiter. De même, la liberté de presse existe toujours a priori, sauf que tous les grands médias sont aux mains de puissantes fortunes proches du pouvoir, et que la vraie presse libre est cantonnée à une existence marginalisée sur le web. La justice de classe et la mise sous surveillance totale des citoyens ne se cachent plus, mais sont présentées comme garantes des institutions démocratiques, avec un logique toute Orwellienne. En clair, les libertés politiques et individuelles sont de plus en plus restreintes, mais sans que change le cadre démocratique traditionnel. La semi-démocratie est un chancre qui s’installe dans les institutions comme un parasite qui profite de l’hôte qui l’accueille. Présente en France, en Italie, en Hongrie et en Pologne, c’est le système politique de l’avenir, la mutation terrifiante de nos sociétés ouvertes en sociétés semi-fermées.
Car il ne faut pas nous faire d’illusions, ce système est là pour rester. Il ne faut s’attendre à aucune réforme allant vers l’ouverture, mais au contraire à une calcifications de tous les éléments liberticides légalement contenus dans nos institutions. 
     On ne peut pas lutter contre ce système avec les moyens traditionnels, car ils sont systématiquement détournés profit de cette semi-démocratie. Il nous faut la combattre avec des alliances larges, bâties autour de valeurs humanistes communes - ce que nous ont montré les Gilets Jaunes, par delà les divisions politiques traditionnelles (mais en excluant, bien entendu, les partis racistes et antidémocratiques). Il faut aussi que les intellectuels cessent d’analyser la situation par rapport à leurs grilles dépassées, qu’elles soit marxistes ou libérales - nous sommes arrivés dans un nouvel espace politique où tous les paradignes ont changé.
     Et ne croyez pas que si les dirigeants d’aujourd’hui perdent les élections, cela va changer: la semi-démocratie est un modèle clé-en-mains, user-friendly, qui s’adapte à n’importe quel candidat. Le modèle suprême est bien entendu cette Europe de Maastricht et de Lisbonne, qui a perfusé le poison dans tous les pays membres.
     Il faut se rappeler une chose: ou bien la démocratie est totale, ou ce n’est pas une démocratie. Là se trouve la clef de notre combat, et des démocrates de tout bord. Il est temps de la retrouver, perdue quelque part dans nos grands poches vides.

Friday, February 1, 2019

"GILETS JAUNES", ET MAINTENANT?

La crise amorcée par les Gilets Jaunes depuis novembre ne faiblit pas, malgré les efforts conjugués, voire parfois complices,  de la police et des grands médias. On pourrait presque dire qu'elle ne fait que s'aggraver, vu la stupéfiante surdité et aveuglement ( avec tout le respect que je dois aux vraies victimes de la répression) de notre président. Or, ce qui me semble de plus en plus évident, c'est que nous avons atteint un point absolu de non-retour. La cinquième république ne pourra plus jamais être celle que l'on a connue jusqu'ici - le peuple s'est réveillé et exige sa participation et le contrôle des institutions qui devraient le représenter. La question qui se pose donc - et que l'on me pose souvent ici, au Danemark, où je vis- est celle-ci: qu'est-ce qui peut se passer maintenant? Il est bien sûr évident que je ne suis pas Cassandre, mais il me semble tout de même pouvoir émettre une ou deux hypothèses. la première question est de savoir comment Macron peut se sortir de cette crise. Il y a en fait seulement deux options: premièrement, profiter de violences soit provoquées, soit réelles, et déclarer l'état d'urgence le temps "que les choses se calment". Le gros problème avec cette option c'est la petite assiette de soutien que le président a dans la population, et que cette situation, si elle apparaît comme un coup d'état, risque de précipiter le pays dans une révolution bien réelle et aux coûts humains énormes. De plus, il n'est pas sûr que l'armée et les forces de l'ordre se retrouvent à 100 % derriére leur chef. Mais disons que c'est, hélas, une possibilité. La deuxième option, la plus souhaitable, c'est la dissolution de l'asssemblée nationale et l'organisation de nouvelles élections. Le problème, ici, retombe sur le gros des Gilets Jaunes, qui ne veulent pas entrer dans le moule politique traditionnel. Si les partis habituels se présentent, vu la confiance exprimée par la nation envers ses politiciens, on verra, une fois encore, une chambre introuvable, soit LREM ou RN, là encore par défaut, puisqu'on pourra parier sur une abstention frôlant ou dépassant les 70%. Comme la Vème république ne prévoit pas de seuil minimal pour qu'une élection soit validée, nous nous retrouverons encore avec des élus à 17-20% des suffrages exprimés. Si tout changer revient à faire la même chose, il est logique de penser que le mouvement des Gilets Jaunes repartira de plus belle, et que nous nous retrouverons devant le risque de la première option. Par contre, en cas de dissolution, si des partis d'opposition et démocrates (au vrai sens du terme) se présentaient avec comme projet commun la formation d'une constituante (et pas seulement la FI) sur la base des recommandations du CNR et des Gilets Jaunes, et dont les travaux seraient soumis à un référendum, alors là, oui, il y aurait peut-être une possibilité de sortie pacifique de cette crise. Mais il faudrait beaucoup de courage, de maturité et de véritable sens politique de la part d'un président catastrophiquement inexpérimenté et de partis bloqués dans leurs idéologies et postures.

Friday, January 18, 2019

"YELLOW VESTS", THE REVOLT OF THE CENTER.


The insurgent and revolutionary wave of Yellow Vests in France has been extensively observed, analyzed and commented on in the media and on websites. They have been described as either populist, fascist, racist, anarchist, violent, stupid, and so on, or as ignorant activists, true revolutionary socialists, the people on the move, and so on. It seems to me, however, that if we allow ourselves a small historical comparison with the most similar events, that is to say the uprisings of 1788 and 1789, there is another reading than that of the official media, Macronists, Lepenists and Melanchonists. Indeed, this revolt does not appear as extremist, but as a reformist - it wants a better sharing of wealth, a better democracy, a better social welfare, etc. This strongly resembles the first phase of the French Revolution, from 1789 to 1792, when it was a question of transforming the absolute monarchy into a constitutional one. It was the Girondins, not an insignificant party, who represented this trend, popular until the unveiling of the king's treason and the Terror. What the Yellow Vests demand is above all a REFORM of institutions, this time to their advantage, and no longer to that of the ruling classes. To equate them with dangerous extremists is to make exactly the same mistake that Louis XVI and Marie Antoinette made during the beginning of the Revolution: Instead of acceding to the demands and accepting, as the English and Dutch monarchs before them, a new way of ruling, they pushed the Assembly into foolish actions (The war against Austria, etc.), thus allowing the accession to power of Robespierre. What the Yellow Vests want is not a Soviet republic or an ultra-liberal regime but, on the contrary, a republic of the center. They are, however, ready to go on until they to get what they want, and if the Fifth Republic does not reform itself (which seems very unlikely), then we can fear a growing violence. And a justified one, above all.

Thursday, January 17, 2019

"GILETS JAUNES", LA RÉVOLTE DU CENTRE.

La vague insurrectionnelle puis révolutionnaire des Gilets Jaunes en France a été observée, analysée et commentée à foison dans les médias et sur les sites internet. On les a décrits comme soit comme des populistes, fascistes, racistes, anarchistes, violents, abrutis et j'en passe, ou comme des militants qui s'ignorent, des vrais socialistes révolutionnaires, le peuple en marche, et j'en passe aussi. Il me semble, cependant, que si on s'autorise une petite comparaison historique avec les évènements les plus similaires, c'est à dire les soulèvements de 1788 puis de 1789, il se dessine une autre lecture que celle de BFMTV, des Macronistes, Lepénistes et Mélanchonistes. En effet, cette révolte n'apparaît pas comme extrémiste, mais comme réformiste - elle veut un meilleur partage des richesses, une meilleure démocratie, une meilleure couverure sociale, etc. Cela ressemble fortement à la première phase de la révolution francaise, de 1789 à 1792, lorsqu'il s'agissait de transformer le monarchie absolue en monarchie constitutionnelle. Ce sont les Girondins, parti non négligeable, qui représentaient cette tendance, populaire jusqu'à la Terreur. Ce que demandent les Gilets Jaunes, c'est avant tout une RÉFORME des institutions, cette fois à leur avantage, et non plus à celui des classes dominantes. Les assimiler à de dangereux jusqu'auboutistes, c'est faire la même erreur, exactement, que Louis XVI et Marie-Antoinette ont fait pendant le début de la Révolution. A lieu d'accéder aux demandes et d'accepter, comme les monarques anglais et hollandais avant eux, une nouvelle facon de régner, ils ont poussé l'Assemblée à la faute (La guerre contre l'Autriche, etc.), permettant ainsi l'accession au pouvoir de Robespierre. Ce que veulent les Gilets Jaunes, ce n'est pas une république soviétique ou une république ultra-libérale mais , au contraire, une république du centre. Par contre, ils sont prêts à aller jusqu'au bout pour l'obtenir, et si la Vème République ne se réforme pas d'elle même (ce qui me semble fort peu probable), alors nous pouvons craindre une violence grandissante. Et justifiée.